Ah, l’argument imparable pour disqualifier une femme : la taxer de folle.
Ça fait des siècles que ça dure. Et ça marche encore.
Dernière démonstration en date : l’Assemblée nationale, le 30 octobre dernier.
Pendant sa niche parlementaire, Laurent Jacobelli, vice-président du groupe Rassemblement national (un poète), en roue libre totale, interrompt Sandrine Rousseau, députée écologiste :
« Un docteur ! Y’a un docteur dans la salle ? »
« Manger des graines, ça rend dingue ! »
« Laissez-la, elle a le syndrome de Gilles de La Tourette ! »
« Sandrine, prends un cachet ! Tu vas craquer ! »
« Un cachet et au lit ! »
Et le bouquet final : « Pin-pon ! Pin-pon ! Elle est complètement dingue ! »
Classe internationale.
Et comme le résume très bien Mediapart, on est face à une répétition méthodique du « préjugé sexiste de la folie ».
Alors, sanction du Bureau de l’Assemblée ?
Évidemment non.
Pour le racisme, oui. (Et heureusement)
Pour le sexisme qui concerne la moitié de la population, bof.
Le sexisme décomplexé a encore de très beaux après-midis devant lui.
Et puis soyons honnêtes : ils ne sont pas seuls.
Dès qu’une femme parle, dérange, existe, ne se tait pas, il faut la faire taire.
Et il y a une technique vieille comme le monde : la déclarer folle.
Sandrine Rousseau n’a pourtant rien « pris » à personne.
Elle ne prive personne de pain, elle n’a pas exproprié, elle ne confisque pas les claviers.
Elle pense.
Et ça, déjà, ça dérange.
Même technique pour les femmes qui disent avoir subi des violences sexuelles.
Réflexe automatique :
« Ah mais elle est instable ! Elle invente ! Elle cherche de l’argent ! »
Le grand classique.
Comme si dénoncer un viol était la voie express vers la gloire et la fortune.
Qui croit à cette fiction ?
Les chiffres parlent : les faux témoignages sont infinitésimaux.
La présomption penche toujours du côté des victimes.
Gérard Depardieu fait encore l’actualité en se séparant de son avocat, Me Jérémy Assous, qui multipliait les défaites…
Et qui se retrouve lui-même sous enquête déontologique.
Sa stratégie : nier, inverser, humilier, dire que les victimes sont hystériques.
Résultat : condamnation pour préjudice de victimisation secondaire.
Même le tribunal en a eu assez.
Et Depardieu devra éviter, à l’avenir, de parler de « femmes hystériques » en audience.
Ça commence à crisper, visiblement.
Message public de prévention :
Un homme qui qualifie une femme de « fragile », « folle » ou « instable psychologiquement », c’est un énorme red flag.
Je sais.
Vous savez.
Tout le monde sait : méfiez-vous de cet homme. Il ne dit pas cela par hasard. Jamais.
Mais d’où ça vient, cette obsession à coller la folie sur les femmes ?
De loin. Très loin.
Hippocrate, père de la médecine, affirme que la femme = l’utérus.
Rien d’autre.
Si quelque chose cloche ?
Ça vient de l’utérus.
Du sang.
Des règles.
Donc, si une femme parle fort, pleure, rit, vit, respire : hystérie.
Youhou !
On est en 2025, et il faut des machines pour « prouver » que les douleurs menstruelles peuvent être violentes, parce que croire les femmes sur parole serait visiblement trop osé.
Alors oui, on ne devrait plus jamais entendre :
« Folle. Hystérique. Fragile. »
Ce sont des préjugés sexistes.
Ils doivent être reconnus comme tels.
Et sanctionnés comme tels.
On en reparle quand ?
Ah oui.
La grande loi sur les droits des femmes.
Toujours annoncée. Toujours remise.
On attend.
Mais on n’attend plus en silence.
Ils nous veulent folles ?
On sera furieuses.
On va continuer d’être « trop ».
Trop bruyantes, trop en colère, trop présentes, trop libres.
Parce que c’est ça qui leur fait peur.
Et on ne va pas baisser le volume.
On l’augmente.
Pour aller plus loin
Aux origines du préjugé sexiste de « la femme hystérique » | France Inter
Gérard Depardieu se sépare de son avocat Jérémie Assous – Libération