À bord de l’Ocean Viking, de SOS méditerranée, il y a Claire.
Claire est marin, membre de l’équipe de sauvetage.
Elle dit :
« On ne laisse pas mourir des gens en mer.
Et il faut parler des femmes.
Celles qui racontent des abus, des agressions, des violences inimaginables.
Elles continuent pourtant. »
J’ai été frappée.
Pas surprise, non : frappée.
Ces femmes renoncent à faire valoir leurs droits, parfois même à leur propre intégrité physique, parce qu’on leur a fait croire que ce qu’elles accomplissent est “plus important” qu’elles-mêmes.
On a réussi à faire entrer dans la tête des femmes que leur vie valait moins.
Que leurs droits étaient négociables. Secondaires. Accessoires.
Une agression contre une femme ?
Un dommage collatéral.
Une externalité.
Un bruit de fond.
Et toute la société s’en arrange.
La preuve :
Une responsable politique raconte avoir été enlevée par un chauffeur de taxi.
Un homme lui reproche dans les commentaires… de ne pas avoir parlé d’écologie.
Sa vie, son intégrité, sa peur ?
Rien.
Invisible.
Parce que pour beaucoup, le droit des femmes, c’est secondaire.
Et on voudrait que les féministes « dosent » ?
Qu’elles parlent moins, moins fort, moins souvent ?
Qu’elles prennent un ticket, patientent, s’excusent d’exister ?
En 2025, une femme est victime de violences sexistes ou sexuelles toutes les 2 minutes 30.
Alors oui, on parle haut. On parle fort. On crie. On n’arrêtera pas.
Car vous n’entendez pas, vous ne comprenez pas.
On nous avait promis un « avant/après » avec le procès des violeurs de Gisèle Pelicot.
Une prise de conscience.
Une bascule.
Il est où, l’après ?
Elle est où, la grande loi ?
Elle est où, la révolution annoncée ?
Ce que l’on voit, très concrètement, ce sont des coupes budgétaires.
Moins de moyens pour les associations qui protègent les femmes.
Moins d’écoute, moins de relais, moins de sécurité.
Couper ces financements, c’est un choix politique.
Cela revient à dire : débrouillez-vous face à la meute.
La Meute, c’est la Manada, comme le procès en Espagne. Et il y a eu un après.
Pas en France.
Nous en sommes toujours au second choix.
Et puis, Nantes, qui s’est engagée à devenir la première ville non-sexiste d’ici 2030.
On apprend par un audit sur le management de René Martin, directeur artistique des Folles Journées ;
« Ambiance de travail hypersexualisée ».
« Comportements inappropriés ».
« Exposition régulière à des contenus pornographiques ».
On parle de trente ans.
Trente ans.
La seule question posée publiquement ?
« Comment on organise la prochaine édition ? »
La vraie question devrait être :
Comment toutes ces femmes vont se reconstruire ?
Comment a-t-on pu fermer les yeux si longtemps ?
Que faut-il changer pour que ça ne recommence jamais ?
Mais non.
On ajuste la logistique du festival.
On balaie.
On passe à autre chose.
Et les femmes, encore une fois, passent après.
Non.
Les femmes ne sont pas des dommages collatéraux.
Ni des cibles.
Ni des variables d’ajustement du patriarcat.
Il faut déposer plainte. Toujours.
Le code pénal, ce n’est pas fait pour caler les portes !