En Pays-de-la-Loire, la culture sacrifiée sur l’autel de l’idéologie.

Le Muskisation du parti d'Edouard Philippe
La Maison Tellier au Café de la Danse @ rocktrotteur

En retirant son soutien au GIP Cafés Cultures, la région Pays-de-la-Loire condamne 900 concerts, 150 lieux et 1 500 artistes. Une économie minime pour le budget régional, un séisme pour la vie culturelle et sociale.

On parle beaucoup de « fierté nationale », d’avenir, de « grands projets ». Mais pendant ce temps, en Pays-de-la-Loire, on coupe dans ce qui fait battre le cœur d’un territoire : sa culture. Et pas n’importe laquelle. La plus proche, la plus vivante, la plus fragile….

Les petites scènes, les cafés-concerts, les lieux de moins de 200 places… La présidente de la région Pays-de-la-Loire Christelle Morançais a décidé de leur retirer tout soutien. 100 000 € de moins pour le GIP Cafés Cultures : une goutte d’eau dans un budget régional, un séisme pour les artistes. Pourtant, le dispositif en question est un modèle d’efficacité publique : un formulaire rempli = un cachet payé. Derrière, ce sont ainsi 1 500 artistes qui peuvent jouer, 900 concerts qui existent, 150 lieux qui vivent. Un vrai cercle vertueux…apparemment trop simple pour mériter de survivre. Alors la région se retire. Non pas car le dispositif ne fonctionne pas (au contraire). Mais parce qu’elle a supprimé sa propre subvention: « On ne finance plus, donc on se retire vu que ce n’est plus financé. » La logique du serpent qui se mord la queue (de spirale descendante même) version politique.

Pendant ce temps, on nous parle d’un retour aux 39h, d’entreprises à « rebooster », en brandissant à la moindre occasion Elon Musk comme source d’inspiration. Bref, pour tout art, pour toute culture, on nous sert de la soupe néolibérale sous fond de « travaillez plus ». On s’inquiète du « coût » de la culture…et on oublie (à dessein ?) son impact, qu’il soit social, économique ou, tout simplement, humain. Un concert dans un bar, c’est plus qu’une soirée. C’est un gagne-pain pour les artistes, un lien, une scène pour exister. Ce sont des carrières qui éclosent ! On nous dit que « tout le monde pense que les subventions sont acquises à vie ». Seulement, la culture n’est pas un privilège. C’est un bien commun. Un État, une région, une collectivité qui n’en prend pas soin choisit de transformer son territoire en une forme de désert. Un désert culturel et social. On nous parle de responsabilité budgétaire. Ah bon ? Sacrifier ce qui fonctionne, ce qui soutient l’emploi artistique, ce qui crée de la vie, est-ce cela être responsable ? N’est-ce pas plutôt simplement idéologique (ou même démagogique si ce n’est populiste) ?

Les artistes n’ont pas besoin de discours sur « la France qui se lève tôt ». Ils ont besoin de moyens pour jouer. Et le public, lui, a besoin de culture accessible. Pas d’un rêve américain plaqué sur des territoires privés de moyens. On ne construira pas un avenir désirable sur les ruines des cafés-concerts. L’espoir ne naît pas des tweets de Musk ou des slogans de Trump, mais d’un ampli qui grésille, d’une salle pleine de vie, et d’artistes payés pour la faire vibrer. Préservons ce qui nous relie.

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