Nul n’est censé ignorer la loi.
On dirait le générique d’un vieux polar américain. Sauf que ce n’est pas une série : c’est le début des problèmes.
Et j’ai parfois l’impression que mes concitoyens connaissent mieux le droit américain que le droit français.
Surtout quand on jette un œil sur les réseaux sociaux.
Là, c’est l’effet supporters excités : la foule fait loi.
Des gens qui, dans la rue, n’oseraient même pas brûler un feu rouge, se permettent en ligne ce qu’ils ne feraient jamais dans la vie réelle.
Parce que « tout le monde le fait ».
Alors on insulte. On traite « la fille » de « salope ».
On balance que telle femme politique est une idiote, une gourde, une hystérique.
« Oh ça va, on ne va pas en prison pour ça… »
Vraiment ?
Et puis il y a les champions du droit express :
« J’ai envoyé qu’un message. Le harcèlement c’est plusieurs, je sais, j’ai lu quelque part. »
« Et puis on est plein à le faire, ils ne vont pas tous nous condamner. »
« Si machin le fait, c’est que c’est légal, il est malin. »
Non.
Les cons osent tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.
Vous pensez vraiment qu’envoyer une photo de steak accompagnée d’insultes, parce que vous vous dites “offensé”, c’est une défense valable ?
« Va faire la soupe, salope », ce n’est « pas méchant » ?
Ça a déjà été condamné : 2 500 euros d’amende.
Voilà.
Je me demande pourquoi les chaînes d’info préfèrent discuter pour la quinzième fois de la couleur des murs de la cellule de Sarkozy plutôt que d’expliquer ce qui est, en France, pénalement répréhensible.
De petits sujets pédagogiques comme : « Est-ce que les meutes de harcèlement en ligne sont condamnées ? »
Parce que oui.
Et souvent.
Sur X, la modération est absente, ok.
Mais les captures d’écran, elles, sont bien réelles. Et recevables.
On reprend calmement :
Le harcèlement ne concerne pas seulement nos enfants et nos adolescents.
Et c’est déjà très grave.
Et quand on est adulte, on en répond devant la loi.
Et là, bonne nouvelle (ou mauvaise, selon votre camp) :
La Cour de cassation, dans un arrêt du 29 mai 2024, a confirmé qu’un seul message malveillant, envoyé à une personne déjà ciblée par une meute, suffit à constituer du cyberharcèlement.
Un seul message.
1 message = 1 an d’emprisonnement.
Bienvenue dans la réalité juridique.
Donc non, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas.
Vous n’avez pas le droit de harceler en ligne.
Nul n’est censé ignorer la loi.
Et certainement pas vous.