Dimanche prochain, les élections législatives de mi-mandat en Argentine seront suivies avec le plus grand intérêt. Ces scrutins sont déterminants : ils vont fixer l’orientation politique et économique fondamentale du pays pour les deux prochaines années, en amont de la présidentielle de 2027.
La moitié des sièges de la Chambre des députés (chambre basse du Congrès) et un tiers des sièges du Sénat (chambre haute) sont en jeu. Actuellement, le président Javier Milei et son parti, La Libertad Avanza, ne détiennent que des minorités très faibles (respectivement 15 % et 11 % des sièges). Pourtant, les sondages les placent soit vainqueurs, soit seconds de ces élections, avec des résultats oscillant entre 35 % et 45 % selon les instituts. En réalité, cette force annoncée repose davantage sur une coalition de circonstance entre les partis de droite et le parti de Milei que sur une réelle alliance politique soudée.
L’objectif principal de Milei lors de ces élections est d’atteindre au minimum la minorité de blocage au Parlement. Cela lui permettrait d’éviter que ses vetos apposés aux réformes votées par la majorité de gauche ne soient annulés. Dans le meilleur des cas, il chercherait à s’assurer une majorité stable avec ses alliés de droite, même si cette issue paraît difficile. Les élections de septembre dans la province de Buenos Aires ont déjà constitué un revers cinglant pour le président argentin, à qui tout semblait réussir jusque-là. Depuis, l’opposition ne cesse d’enchaîner les propositions de loi au Parlement pour contrecarrer la politique de Javier Milei. Ainsi, des crédits en faveur des hôpitaux, des universités et des personnes sans emploi ont été votés ces dernières semaines. L’enjeu est clair : Milei, lui, a pour objectif de poursuivre les coupes drastiques dans les budgets de la Santé, de l’Enseignement et des Retraites.
C’est pourquoi ces élections revêtent une importance cruciale : d’un côté, la poursuite de l’austérité « à la tronçonneuse » de Javier Milei ; de l’autre, le retour de politiques publiques en soutien aux citoyens argentins.
Après ses succès initiaux, Javier Milei a vu son mandat entaché par une multiplication des affaires de corruption et des désastres économiques. Lui et ses proches ont été impliqués dans plusieurs affaires de détournements de fonds, notamment en promouvant une cryptomonnaie dont l’unique but était d’escroquer les épargnants. Plus de 400 000 Argentins qui avaient fait confiance au président Milei ont ainsi perdu l’intégralité de leurs investissements.
Si Milei reste populaire avec une cote d’approbation autour de 56 %, ce chiffre est bien loin des premiers mois où sa popularité frôlait les 80 %. Si sa politique économique a pu sembler efficace dans un premier temps, les échecs se succèdent ces derniers mois : crise du peso (la monnaie nationale), méfiance accrue des investisseurs boursiers et refus des créanciers de l’Argentine d’accorder de nouveaux prêts.
Cette situation pousse Milei à dépendre directement du bon vouloir du président américain Donald Trump. Bien que l’obtention d’un prêt de 40 milliards de dollars par les États-Unis soit une victoire en soi, l’ingérence de Donald Trump dans les élections argentines a été très mal perçue dans le pays.
Entre l’incertitude économique, les démissions qui s’enchaînent au sein de son gouvernement et une cote de popularité en baisse, ces élections paraissent extrêmement incertaines pour Javier Milei. Il mise désormais tout sur la mobilisation des jeunes Argentins, qui le soutiennent en majorité et lui assurent des millions de vues sur les réseaux sociaux. Récemment, le concert de rock donné par Javier Milei lui-même dans l’équivalent du palais de Paris-Bercy à Buenos Aires n’avait qu’un seul but : mobiliser cette jeunesse friande de cette nouvelle manière de faire de la politique pour remporter le scrutin.
Même si cette élection concerne avant tout l’Argentine, elle aura inévitablement un impact mondial. Javier Milei est devenu la référence économique pour l’ensemble des extrêmes droites mondiales. En France, Éric Ciotti et surtout Jordan Bardella ont souvent cité Javier Milei en exemple après son élection. Ce n’est pas un hasard s’ils en parlent moins ces derniers temps.
Une défaite de Javier Milei aux élections aurait un double sens retentissant : elle annoncerait qu’il est possible de stopper la vague d’extrême droite qui touche les démocraties dans le monde, et surtout, elle acterait l’échec du programme ultralibéral de Javier Milei. Car si les électeurs argentins votent dimanche contre Milei, ce sera principalement pour des raisons économiques.
Sources :
Trump’s Milei election warning fuels backlash and ‘colonialism’ accusations in Argentina | Reuters
2025 Argentine legislative election – Wikipedia
Los miedos en el PRO y el Gabinete bilardista de Javier Milei