Macron, pyromane en chef et pompier de carton.

Emmanuel Macron, pompier pyromane
© Faces Of The World, CC BY 2.0

En dénonçant les oppositions comme “ingénieurs du chaos”, Emmanuel Macron oublie un détail : c’est lui qui a allumé l’incendie. Son obsession à diviser la gauche et sa foi dans un “bloc central” imaginaire risquent de précipiter le pays dans l’impasse.

« Emmanuel Cram…euh…Macron », bafouillait l’autre jour un journaliste sur une chaîne d’info. Lapsus pour le moins révélateur & surtout fort à propos, au vu du comportement de notre Président et, a fortiori, de son allocution d’hier, paroxystique démonstration de sa propension à tout cramer. “Ils ne pensent pas à vous, à vos vies, à vos difficultés, à vos fins de mois, à vos projets” lançait-il hier aux Français-e-s au sujet des forces d’opposition qui, elles et contrairement à lui, ne penseraient qu’à leurs intérêts, qu’aux échéances électorales futures.

Selon lui, les oppositions seraient des ingénieurs du chaos, contre lesquels, lui, le grand patriarche, le grand protecteur de la Nation, se battrait sans relâche pour sauver la France de la ruine et les Français-e-s du chaos…dans lequel LUI-MÊME les a mis-es le 9 juin dernier. Car lui, ne fait qu' »agir pour faire de la France un pays plus fort et plus juste », œuvrant pour « instruire nos enfants », pour « l’écologie ». Pardon ? La coupe budgétaire de 1,9 Milliards sur l’écologie et le projet de suppression de 4.000 postes d’enseignants, c’était quoi, un canular ?

La dissolution ? Elle était « nécessaire » pour éviter une censure à l’automne (Ce fut efficace en effet…). Non, il ne l’a pas fait pour empêcher une réémergence de la gauche, ni par pur délire égotique. Non, il s’agissait là d’un geste responsable, que nous n’avons pas compris.

Pourtant, depuis les Européennes, Emmanuel Macron et ses acolytes du centre, cherchent, par tous les moyens, à détruire la gauche, à la diviser, en lui jetant l’opprobre, en faisant croire à la France entière qu’il ne s’agit que d’une bande d’extrémistes et de mauviettes soumises à Mélenchon. Son discours et son refus de recevoir le PCF et EELV pour discuter d’une éventuelle future coalition et, par là même, de la nomination d’un futur-e Premiè-re ministre, prouvent qu’il compte bien ne pas en rester là.

Pourquoi ce refus ? Pourquoi n’avoir invité que le PS à la table des négociations ? La réponse réside dans cette phrase, jetée au milieu de son allocution tel un cheveu sur la soupe : « Je ne crois pas que l’avenir de la France puisse se faire avec plus d’impôt(…) ou avec quelque laxisme face au narcotrafic. » Comprendre : « Je ne veux pas qu’on touche au portefeuille de Bernard Arnault et je veux continuer d’instrumentaliser les narcotrafics à des fins électoralistes. » Il pense ainsi (à tort), qu’ostraciser les verts et les communistes le prémunira contre une politique…de gauche.

En d’autres termes, il est dans un tel déni du réel qu’il croit pouvoir faire au PS…ce qu’il lui a déjà fait en 2017 (même dès 2014 au fond), à savoir, le faire disparaître en le vidant de toute substance. Il croît donc qu’à gauche, le PS acceptera de poursuivre sa politique…de droite. Sauf que sur ce point (et bien d’autres !), il se fourre le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. Il faut qu’il se rende à l’évidence (et les éditorialistes politiques aussi !) : le bloc central n’existe pas. Renaissance est un parti 100% de droite… et, on le sait maintenant, Le Pen-compatible. En tout cas plus Le Pen-compatible que Tondelier-compatible, Roussel-compatible, ou même Faure-compatible, son gouvernement Barnier ayant fait des concessions au RN comme, par exemple, sur l’AME ou la taxe sur l’électricité, alors qu’il a fait la sourde oreille face aux demandes de la gauche. Sauf que Renaissance (ou même tout le groupe EPR) est largement minoritaire dans l’hémicycle. S’ils sont les dirigeants « responsables » qu’ils disent être, ils doivent ENFIN tenter (je sais, c’est dur quand on est Macroniste) d’agir dans l’intérêt collectif, dans l’intérêt des Français-e-s.

Monsieur le Président, laissez les députés faire leur travail et former une coalition et/ou un pacte de non censure afin qu’ils puissent bâtir un projet de redressement économique, justice sociale et fiscale, de lutte et d’adaptation face au péril climatique. Sinon, nous courons droit dans le mur. Pour ce faire, une invitation de votre part n’est pas nécessaire: vous n’avez pas à vous en mêler. Mais si vous tenez à mettre votre grain de sel, invitez TOUTES les forces en présence. Car croire que certaines, à gauche, seraient prêtes à poursuivre votre politique mortifère est illusoire.

Related Posts