151.
C’est le nombre de femmes tuées en 2025.
Quatre en une seule journée de samedi.
Depuis le début de l’année 2024, les féminicides ont augmenté de 11 %.
Beaucoup de ces femmes avaient porté plainte. Certaines avaient même un téléphone grave danger.
Nous pensions, naïvement, que le procès dit Pélicot ouvrirait enfin les yeux des hommes sur ce que leurs semblables infligent aux femmes. Que cette sidération collective ferait basculer le pays dans un sursaut moral.
Adieu violences sexuelles, viols, pédophilie, coups, menaces, insultes et meurtres !
Tu parles. Naïves que nous sommes.
Les hommes savent très bien ce qu‘un homme peut faire à une femme. Ils ont participé à ces mêmes conversations de vestiaires, entendu ces discussions immondes.
Faites le test : demandez à un père s’il laisserait sa fille de 16 ans seule avec un homme, quel qu’il soit.
Réponse majoritaire : Bien sûr que non. Principe de précaution. Quand les hommes parlent des hommes, ils savent très bien ce qu’ils pensent, et en bons pères de famille, ils appellent ça du bon sens.
Quand les femmes accusent des hommes, elles se transforment en féministe hystériques.
Alors non, Not all men, mais « on ne sait jamais quand même ».
Et on rappelle , il y a un viol ou une tentative de viol toutes les 2 mn30.
Les hommes savent. Les femmes savent.
Mais l’État, lui, que fait-il ?
Dans un État de droit comme la France, en 2025, lorsqu’une personne va porter plainte contre quelqu’un qui l’a frappée et menacée de mort, on s’imagine qu’elle sera protégée.
Arrêt du danger, mise à l’abri, prise en charge. C’est la théorie.
La réalité ? Si c’est une femme qui porte plainte contre son compagnon ou ex-compagnon, rien n’est garanti à part une chose : qu’elle risque de mourir.
Inès en est morte. Sauvagement assassinée par son ex-compagnon, le 9 septembre dernier, à Poitiers. 25 ans. Elle avait porté plainte le 10 juillet.
Étranglements, viols, menaces explicites : « Je vais te donner une mort qui choquera le monde entier ».
Elle est venue six fois au commissariat. Elle a activé deux fois son téléphone grave danger, dont une deux jours avant son meurtre. Il avait été arrêté. Puis relâché.
Les policiers auraient pu intervenir immédiatement.
Ils plaident aujourd’hui la surcharge de travail, les tâches administratives.
Les erreurs, ça arrive.
My bad. Sauf que cette fois, c’est Inès qui est morte.
Aucun ministre n’a daigné se déplacer. Aucun.
Elle travaillait à l’École de la deuxième chance. On ne lui en a donné aucune, à elle.
Quels crimes ont donc commis les femmes pour que la France les laisse crever comme des chiennes
Assez des « on va faire ci, on va faire ça ».
Assez des discours. Assez de numéros verts.
Tout ça ce sont des bla-bla.
Pendant ce temps-là, notre compteur de mortes explose.
Pendant ce temps-là, celui de nos violées, de nos agressées, de nos humiliées grimpe vers le ciel.
Quelle société sommes-nous devenus pour que les femmes comptent si peu que la police ne juge même plus utile de les protéger ?
Pour que les ministres se taisent, les yeux rivés sur autre chose, comme si nos cadavres ne pesaient plus rien ?
Aujourd’hui, vous ne pouvez pas prétendre ne pas être l’ennemi des femmes si vous n’exigez pas que plus aucune femme ne meure après avoir poussé la porte d’un commissariat.
C’est le minimum absolu.
Nous devons réclamer la tolérance zéro.
Aucun homme qui violente une femme ne doit rester impuni.
Plus jamais.
Nous devons déclarer la guerre.
La guerre contre toutes les violences faites aux femmes.
Le chef de l’État ne le fait pas.
Alors nous la ferons.
Parce que nos vies ne sont pas négociables.