Législatives anticipées : quand la gauche confisque le Front républicain aux citoyens
En 2024, les législatives anticipées n’ont eu qu’un seul vrai vainqueur : le Front républicain, quand le peuple français, dans un formidable élan collectif et malgré leurs divisions, ont su s’unir pour barrer la route à l’extrême droite.
Aujourd’hui, la dissolution de l’Assemblée nationale n’est plus une hypothèse, mais une probabilité. Après la démission de Sébastien Lecornu et l’impasse politique persistante, Emmanuel Macron pourrait choisir de rendre le verdict aux urnes, espérant qu’un nouveau rapport de forces permette enfin de dégager une majorité. Mais dans ce scénario, un acteur clé risque d’être privatisé par les partis au détriment des électeurs : le Front républicain. Ce mécanisme, historiquement porté par les citoyens pour faire barrage à l’extrême droite, est aujourd’hui menacé par les calculs électoraux de la gauche. En refusant de s’unir pour les législatives, les partis de gauche (PS, LFI, EELV, PCF) ne se contentent pas de diviser leurs voix – ils désarment les électeurs qui, eux, voudraient l’utiliser.
Le Front républicain, une arme citoyenne
Le Front républicain, ce n’est pas une alliance de partis. C’est d’abord un réflexe électoral : face à un candidat d’extrême droite en tête au premier tour, les électeurs, quelle que soit leur sensibilité, reportent leurs voix sur le candidat le mieux placé pour le battre. Ce mécanisme a fonctionné en 2002, en 2017, et même en 2022, quand des millions de Français ont voté Macron au second tour non par adhésion, mais pour bloquer Marine Le Pen. C’est un outil populaire, indépendant des apparatchiks, qui repose sur une logique simple : plutôt un adversaire politique qu’un danger pour la démocratie.
Pourtant, aujourd’hui, une partie de la gauche semble déterminée à saper ce réflexe. En refusant toute union électorale avant le premier tour des législatives, en maintenant des candidatures divisées dans des centaines de circonscriptions, les dirigeants de l’ex NFP pourraient prendre le risque de rendre impossible l’application du Front républicain au second tour d’une nouvelle législative anticipée.
Pourquoi ? Parce qu’en dispersant leurs voix, ils favorisent des triangulaires, voire des quadrangulaires, où l’extrême droite peut l’emporter avec moins de 40 % des suffrages. Résultat : le RN pourrait remporter des dizaines de sièges sans majorité absolue dans le pays, simplement parce que l’opposition à gauche aura préféré ses querelles internes à l’intérêt général.
La gauche contre le Front républicain ?
Les dirigeants de la NUPES, puis du NFP, ont toujours présenté leurs désunions comme un choix idéologique. « On ne fera pas d’alliance avec la macronie », « on ne transigera pas sur nos valeurs », clament-ils. Pourtant, en réalité, leur stratégie revient à priver les électeurs d’un choix clair au second tour.
- En 2024, malgré leurs divisions, les électeurs de gauche ont massivement reporté leurs voix sur les candidats PS ou LREM face au RN. Résultat : le RN n’a obtenu “que” 120 députés, loin de la majorité absolue mais ce qui en fait déjà le premier parti de France.
- En 2025, si la gauche se présente divisée dans 577 circonscriptions de France, le RN pourrait arriver en tête dans des dizaines de duels face à des candidats LFI, PS ou macronistes affaiblis. Dans ce cas, le Front républicain ne pourra plus jouer : les reports de voix seront dilués, et le RN l’emportera par défaut.
Un calcul dangereux
Certains dirigeants de gauche justifient leur refus d’union par la volonté de « ne pas trahir leurs électeurs ». Mais en réalité, ils trahissent l’esprit même du Front républicain :
- Ils sous-estiment l’urgence : Face à un RN à 30-35 % dans les sondages, toute division est un cadeau à l’extrême droite.
- Ils jouent avec le feu : Si le RN obtient une majorité relative, il pourra gouverner avec un Premier ministre issu de ses rangs, imposant une politique que 60 % des Français rejettent.
Paradoxe : Les mêmes qui accusent à juste titre Macron de « favoriser le RN » en refusant des compromis sont ceux qui, par leur entêtement, ouvrent la porte à une victoire du RN.
Que faire ?
Les électeurs ont encore le pouvoir. S’ils veulent sauver le Front républicain, ils devront :
- Exiger des désistements clairs entre le premier et le second tour, comme en 2022 et 2024.
- Sanctionner les partis qui refusent l’union en reportant leurs voix sur le candidat le mieux placé contre le RN, même s’il n’est pas leur favori.
- Rappeler aux dirigeants de gauche que leur rôle n’est pas de diviser, mais de protéger la démocratie.
Face à une élite politique prisonnière de ses calculs et incapable de se hisser à la hauteur des enjeux, c’est désormais aux citoyens de montrer le chemin de la raison : les appareils politiques leur laisseront-ils au moins la possibilité de le faire ?
La gauche préfère-t-elle gagner… ou avoir raison ? Car en 2025, elle ne pourra pas faire les deux. Et ce sont les citoyens qui paieront le prix de ses divisions.