De l’Allemagne fantasmée aux privatisations britanniques, nos gouvernements recyclent les mêmes arguments depuis des décennies pour justifier leurs réformes antisociales. La sortie mensongère d’Amélie de Montchalin sur les arrêts maladie n’est que le dernier épisode en date d’une vieille série.
Selon la Ministre des comptes publics Amélie de Monchalin, les salarié-es français-es seraient, en moyenne, beaucoup plus en arrêt maladie que leurs homologues allemands. Une affirmation démentie par les faits et chiffres, comment souvent lorsque nos dirigeant-es se risquent à comparer la France avec ses voisins européens.
Au-delà du mensonge, cette déclaration d’Amélie de Montchalin est le symptôme d’une tradition bien ancrée parmi les chantres du néolibéralisme : comparer la France aux pays qui les arrangent en utilisant les chiffres qui les arrangent. Ainsi, lors de la réforme des retraites, le gouvernement répétait à l’envi que nos voisins européens partaient plus tard, en se basant sur le seul âge de départ et sans prendre en compte, par exemple, le nombre d’annuités nécessaires à un départ à taux plein. Il en va de même pour toutes les réformes néolibérales, antisociales, pro-business et pro-milliardaires que nos gouvernements successifs nous ont imposées depuis plus de trente ans faisant, par là même, de gens comme Reagan et Thatcher leurs role models devant l’éternel.
C’est vrai qu’il est beau le bilan de Thatcher et des gouvernements qui ont suivi : Le NHS est mort et, avec lui, l’accès pour tous au soin qui faisait, il y a très longtemps dans une galaxie très lointaine, du Royaume-Uni un exemple à suivre en matière de protection sociale. En 1993, le Royaume-Uni privatisait son rail. Bilan : Faute d’investissements par les exploitants privés, les dépenses publiques dans le ferroviaire ont été multipliées par 6 en 10 ans, et il a fallu des années pour retrouver les niveaux de trafic des années 1980.
Autre modèle régulièrement invoqué par nos gouvernements successifs lorsqu’il s’agit d’imposer une austérité tant brutale qu’économiquement inefficace aux Français : le modèle allemand (repris d’ailleurs ici dans la déclaration mensongère de Montchalin). Il faut dire que l’Allemagne se porte à merveille et que son économie est en plein essor (non). En revanche, personne ne semble vouloir citer l’Espagne en exemple. Pourtant notre voisin d’outre-Pyrénées fait figure de très bon élève en Europe, avec un déficit public passé sous la barre des 3% en 2024. Comment les Espagnols s’y sont-ils pris pour réduire leur déficit ? En détruisant les services publics ? En faisant des cadeaux aux ultra-riches & aux grandes multinationales ? En faisant les poches des chômeurs & des bénéficiaires du RSA ? Que nenni ! Depuis, son arrivée au pouvoir, la gauche espagnole a notamment augmenté le salaire minimum (de plus de 50 % en six ans !), les retraites et l’assurance chômage. Mais pendant ce temps, notre gouvernement préfère faire les yeux doux au Rassemblement National plutôt que de risquer l’infamie d’une politique plus juste socialement et (l’exemple de l’Espagne le montre) efficace économiquement.